L’analyse fonctionnelle du bilan
Pour réaliser ses activités,
l’entreprise doit se doter d’actifs, ces actifs constituent des stocks
d’emplois. Les stocks de ressources constituent l’ensemble des capitaux
investis nécessaires pour financer l’acquisition des actifs l’entreprise.
L’approche fonctionnelle du bilan permet de classer les stocks de ressources et
d’emplois en les rattachant aux différents cycles d’opération :
financement, investissement et exploitation.
L’analyse du
stock d’emploi s’appuie sur la valeur brute des actifs. Ainsi on y
rattachera :
·
Les immobilisations en
valeur brute au cycle d’investissement,
·
Le besoin en fonds de
roulement d’exploitation, engendré par les opérations d’achat, de stockage et
de vente, au cycle d’exploitation. Dès à présent nous pouvons en déduire le
calcul du BFRE :
BFRE = Stocks + Créances d’exploitation – Dettes d’exploitation Les ressources financières
trouvent leur origine dans le cycle de financement, elles se composent des
fonds propres d’origine interne et d’origine externe, et des dettes
financières.
1. L’optique
horizontale du bilan fonctionnel La conception horizontale du
bilan fonctionnel trouve son origine dans les travaux préparatoires à
l’élaboration du Plan Comptable Général. Il repose sur le principe
d’affectation des ressources stables aux emplois stables et à la composante
stable du besoin en fonds de roulement d’exploitation.
1 A. La conception du bilan fonctionnel horizontal Dans l’approche fonctionnelle du
bilan, le besoin en fonds de roulement se voit accorder une place prédominante.
Il s’analyse comme un stock d’emplois nets trouvant son origine dans les
opérations d’exploitation de l’entreprise. Son niveau est directement lié à
l’activité de l’entreprise. Il dépend du volume de l’activité, des décisions de
production, du caractère plus ou moins saisonnier de l’activité, mais également
des usages en matière de paiement des dettes et d’encaissement des créances. Le
montant de BFRE fluctue de façon importante tout au long du cycle
d’exploitation. L’évolution du montant du BFRE en fonction de la durée du cycle
d’exploitation fait apparaître une composante stable. Nous en déduisons le
principe d’affectation.
Les ressources stables servent à couvrir les
immobilisations et la composante stable du BFRE.
Les ressources acycliques stables
sont les ressources financières qui ne sont pas liées au cycle d’exploitation.
De même les emplois acycliques stables trouvent leur origine dans les
opérations d’investissement et, par conséquent ne sont pas liés au cycle d’exploitation.
L’excédent des ressources
acycliques stables sur les emplois acycliques stables constitue le Fonds de
Roulement Fonctionnel.
FDRF = Ressources acycliques stables – Emplois acycliques stables Les opérations d’investissement
et de financement donnent naissance à des besoins et des ressources instables
indépendants du cycle d’exploitation. Il en résulte le besoin en fonds de
roulement hors exploitation.
BFRHE = Emplois acycliques
instables – Ressources acycliques instables.
Nous en déduisons le besoin en
fonds de roulement global,
BFR global = BFRE + BFRHE Partant de l’équilibre des
emplois et des ressources (actif = passif), nous établissons la relation
fonctionnelle :
Trésorerie = FDRF – BFR global
= FDRF – BFRE – BFRHE.
La trésorerie est un solde net de
la trésorerie active et de la trésorerie passive. La trésorerie à l’actif se
compose des disponibilités et des valeurs mobilières de placement, la
trésorerie au passif correspond quant à elle à des concours bancaires courants.
1 B. Principes d’élaboration du bilan fonctionnel Pour construire le bilan
fonctionnel nous retiendrons quatre principes :
1
Les emplois sont pris en
compte à leur valeur brute
2
On part du bilan comptable
avant répartition du résultat
3
Les emplois et les
ressources sont regroupés en fonction du cycle qui leur a donné
naissance : financement, exploitation, et investissement
4
Le second critère de
regroupement réside dans la stabilité de la ressource ou de l’emploi.
1 C. La présentation du bilan fonctionnel et le principe d’affectation. Le bilan fonctionnel horizontal et les
cycles Cycle | STOCK D’EMPLOIS | STOCK DE RESSOURCES | Cycle |
Cycle
Investissement | EMPLOIS ACYCLIQUES STABLES
Immobilisations en valeur brute Incorporelles, corporelles et financières | RESSOURCES ACYCLIQUES STABLES - Fonds propres d’origine externe - Fonds propres d’origine interne - Emprunts à moyen et long terme à l’origine | Cycle de |
FDRF |
Cycle
Exploitation | BFR D’EXPLOITATION Stocks+Créances d’exploitation -Dettes d’exploitation | | Financement |
Cycle Investissement & Financement | BFR HORS EXPLOITATION Créances non liées au cycle d’exploitation – Dettes non liées au cycle d’exploitation | | |
Stock de liquidités | TRESORERIE Disponibilités + Valeurs Mobilières de Placement –Concours bancaires courants | | |
1 D. La construction du bilan fonctionnel horizontal. Pour construire le
bilan fonctionnel il faut d’abord procéder à l’évaluation des différents
postes.
1 D 1. L’évaluation des stocks d’emplois.a) Les emplois acycliques stables : les immobilisations.Les immobilisations doivent être
évaluées selon les principes suivants :
Prendre en compte les montants bruts, c’est à dire à leur coût
historique, les amortissements et les provisions n’étant pas déduits.
Neutraliser l’incidence des réévaluations, ce qui permet de
retrouver la valeur d’origine du bien. On soustrait le montant de la
réévaluation de la valeur de l’immobilisation telle qu’elle est inscrite au
bilan du PCG et, en contrepartie, on supprime les réserves et les provisions
spéciales pour réévaluation au passif.
Intégrer les immobilisations financées par crédit-bail, les biens
financés par crédit-bail doivent être intégrés dans les emplois acycliques
stables pour leur coût d’acquisition. Au passif on constate un emprunt d’un
montant équivalent. Ce point sera examiné plus en détail après que nous ayons
abordé les ressources acycliques stables.
Intégrer les charges à répartir sur plusieurs exercices. Les
charges à répartir doivent être prises en considération pour leur montant brut.
Dans le bilan du PCG les charges à répartir figurent pour leur montant net. Il
faut donc y rajouter les amortissements déjà pratiqués.
b) Les emplois cycliques, l’évaluation du BFRE d’exploitation.·
Identifier les postes liés au cycle d’exploitation.·
Prendre en compte les valeurs brutes.·
Intégrer les encours d’escompte.·
Rattacher les charges et les produits constatés d’avance qui trouvent
leur origine dans le cycle d’exploitation.·
Neutraliser l’incidence des écarts de conversion. Pour la
construction du bilan fonctionnel les créances et les dettes sont rétablies à
leur montant initial sans qu’il y ait annulation de la provision pour les
écarts de conversion à l’actif ; provision qui fait partie des fonds
propres internes.
c) Les emplois acycliques instables, l’évaluation de BFRHEL’évaluation du BFRHE se fait
selon les mêmes principes que l’évaluation du BFRE. Il s’obtient par différence
entre les emplois acycliques et les ressources acycliques instables. Il s’agit
des emplois et des ressources instables non liés au cycle d’exploitation. Ces
emplois et ressources trouvent leur origine dans les cycles de financement et
d’investissement.
·
Identifier les postes qui correspondent à des emplois ou des ressources
instables non liés au cycle d’exploitation.·
Prendre en compte les valeurs brutes.·
Rattacher les charges et les produits constatés d’avance qui trouvent
leur origine dans les cycles de financement ou d’investissement. 1 D 2. L’évaluation des stocks de ressources.Les stocks de ressources se
justifient par la politique de financement de l’entreprise. L’approche
fonctionnelle du bilan distingue les ressources propres et les dettes
financières.
a) Les stocks de ressources propres.Dans les ressources propres on
distingue les ressources qui ont été dégagées par l’autofinancement de
l’entreprise et les ressources propres qui ont été apportées par les
propriétaires de l’entreprise lors de la constitution ou des augmentations de
capital successives.
Les ressources propres externes proviennent des apports en capital,
et des subventions d’investissement. Seule la somme apportée, qu’elle
qu’en soit la manière, doit être retenue. Le montant retenu tient compte du
capital libéré,
des primes d’émission, des subventions d’investissement. Ces
dernières doivent être prises en considération pour leur valeur brute. De ce
fait les reprises au résultat doivent être déduites des fonds propres internes
et rajoutées au fonds propres externes. Une attention particulière doit être
apportée au capital dont le montant peut inclure des augmentations par
incorporation de réserves. Si tel est le cas il faut diminuer le capital du
montant des réserves incorporées et augmenter les fonds propres internes de ce
montant.
Les ressources propres internes
trouvent leur origine dans l’autofinancement et dans les opérations de cession
d’actif. Il est souvent difficile de reconstituer la part des fonds
propres trouvant naissance dans les opérations de cession. L’analyse s’appuie
donc sur l’autofinancement au sens large sans distinction. Ont peut donc
reconstituer les fonds propres d’origine interne à partir de la définition de
l’autofinancement.
Fonds propres internes = Réserves +
Amortissements +
Provisions sur actifs +
Provisions pour risques et charges +
Report à nouveau +
Résultat net+ Aug. de cap. par incorporation de
réserves- Ecarts de réévaluation- Montant cumulé des rep.
de sub.b) Les dettes financières stablesLa stabilité de la dette
s’apprécie en fonction de la classification initiale de la dette. Les dettes
financières, lorsque l’entreprise les contracte, peuvent être classées en
emprunts ou crédits à long ou moyen terme, ou en concours bancaires courants
(CBC) c’est à dire des crédits à court terme.
Les dettes financières stables se
composent des crédits bancaires et des emprunts obligataires qu’il faut
considérer pour leur contribution effective au financement, c’est à dire en y
retranchant les primes de remboursement qui figurent au bas de l’actif du
bilan.
Les concours bancaires courants
constituent un financement instable des activités de l’entreprise.
Les comptes courants d’associés
dans lesquels figurent des dettes de l’entreprise envers les associés doivent
être analysés avec une attention toute particulière. Il s’agit d’apprécier la
stabilité de cette ressource.
Enfin le retraitement du
crédit-bail fait apparaître une dette stable pour le montant non amorti de
l’emprunt. Le complément qui correspond à l’amortissement de l’investissement
est intégré dans les fonds propres internes, et en contrepartie la valeur brute
de l’investissement est intégrée dans les emplois acycliques stables.
c) Les dettes financières instablesLes dettes financières instables
se composent des concours bancaires courants et des effets escomptés non échus.
Pour toutes les dettes, les
intérêts courus qui font partie de l’encours de dette et doivent être intégrés
dans le BFRHE.
2. Le
bilan fonctionnel POOL de FONDS. La conception horizontale du
bilan fonctionnel s’appuyait sur le principe d’affectation des ressources
stables aux emplois stables. L’entreprise dans l’optique du bilan fonctionnel
Pool de Fonds est considérée comme un portefeuille d’actifs financé par un
ensemble de ressources. Le portefeuille d’actifs s’analyse en deux
composantes :
·
les emplois industriels et
commerciaux,
·
les emplois financiers.
Dans le stock de ressources on
distingue :
·
les fonds propres
·
les dettes financières.
2 A. Présentation du bilan « Pool de Fonds » STOCKS D’EMPLOIS | STOCKS DE RESSOURCES |
EMPLOIS INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX | Immobilisations Brutes | Fonds propres externes
| FONDS PROPRES |
| BFRE | Fonds propres internes | |
| | Dettes financières stables | DETTES FINANCIERES |
EMPLOIS FINANCIERS | Immobilisations Financières | | |
| | | |
| Titres de placement et disponibilités | | |
| | Concours bancaires courants | |
L’intérêt du
bilan pool de fondsLes décisions financières de
l’entreprise reposent sur la recherche du meilleur compromis entre la
rentabilité et le risque. Du point de vue de la rentabilité il convient de
distinguer la rentabilité économique et la rentabilité financière.
La rentabilité économique est le
rapport entre le résultat économique et la valeur des actifs. La valeur des
actifs peut être appréciée par la valeur des stocks d’emploi. Le résultat
économique quant à lui est sécrété par l’ensemble des opérations industrielles et
commerciales mais également par les opérations de placement, les
immobilisations financières ou les titres de placement, valeurs mobilières de
placement ou disponibilités. La rentabilité économique s’explique par un choix
de développement de l’entreprise, industriel ou financier.
La rentabilité financière, c’est
à dire le rendement des capitaux propres se déduit de la rentabilité économique
et du coût de la dette, c’est à dire les charges d’intérêt de l’entreprise
étant donné son endettement. Le choix de la structure des ressources influence
sensiblement la rentabilité financière de l’entreprise.
Le risque de l’entreprise peut
s’analyser de la même manière. Selon le choix de développement de l’entreprise
qui se traduit par la composition du portefeuille d’actif l’entreprise doit
faire face à un risque d’exploitation plus ou moins grand. En fonction de ce
choix le résultat de l’entreprise sera plus ou moins sensible aux fluctuations
conjoncturelles ou aux manœuvres de ses concurrents. Parallèlement la structure
des ressources, qui se dégage de la part des dettes dans les ressources,
influence le risque financier. Plus les fonds propres sont importants dans les
ressources, moins le risque financier sera important. Cependant l’augmentation
des fonds propres aura pour conséquence une diminution de la rentabilité
financière.
Les décisions de l’entreprise
porteront à la fois :
·
sur le choix d’un type de
développement, industriel ou commercial ou financier qui influence la
rentabilité économique et le risque économique.
·
sur le choix d’une
structure de financement qui compte tenu d’une rentabilité économique donnée
influence la rentabilité financière de l’entreprise
D’où la représentation
schématique.
Rentabilité Economique Risque Economique | | | | | Rentabilité Financière Risque financier Risque de faillite |
| | | | | |
| | Immobilisations industrielles BFRE | Fonds propres
| | |
Choix d’un Type | | | Dettes financières Stables Concours bancaires courants | | Choix d’une structure |
de développement | | Immobilisations financières | | | de financement |
| | Titres de placement | | | |
| | Disponibilités | | | |
2 B. La gestion du pool de dettes La gestion des stocks de
ressources s’appuie sur l’évaluation du risque financier et des effets de
l’endettement sur la rentabilité financière. Dans l’approche pool de fonds on
ne distingue pas les dettes financières en fonction du critère de stabilité. A
la fois les dettes à maturité longue et les dettes financières à maturité
courte se trouvent agrégées dans un même poste, le pool de dettes. Cette position
est-elle pertinente ?
Pour une gestion dynamique du
risque de taux, l’entreprise est amenée à faire des arbitrages dont découle la
maturité de la dette. Lorsque le décideur anticipe une baisse des taux
d’intérêts, il a avantage à diversifier sa dette en combinant des emprunts à
échéance éloignée avec des emprunts à court terme renouvelables. Les premiers
sont contractés à taux fixe, les seconds à taux variables. L’entreprise se
trouve alors dans la situation où des dettes instables financent des emplois
stables. Tant que les emprunts à court terme sont renouvelés, l’entreprise ne
prend qu’un risque faible. Le risque lié est le même que celui auquel doivent
faire face les banques lorsqu’elles prêtent de l’argent à long terme alors que
les ressources sont à vue ou à échéance très rapprochée. Ce risque est le
risque de transformation.
La gestion de la trésorerieL’originalité du bilan pool de
fonds est de considérer les disponibilités et les valeurs mobilières de
placement comme tout autre actif, c’est à dire contribuant à la rentabilité
économique de l’entreprise. Les placements de trésorerie peuvent dans certains
secteurs et dans certaines dispositions conjoncturelles avoir une rentabilité
supérieure à celle des autres actifs, industriels et commerciaux ou financiers
à maturité longue. Par ailleurs ces actifs de trésorerie peuvent être mobilisés
rapidement afin de pallier les effets d’une conjoncture défavorable.
Les ratios d’analyse se
déduisant du bilan pool de fonds L’utilisation du bilan pool de
fonds n’a d’intérêt que si l’on prend en compte la situation de l’entreprise
sur plusieurs périodes. Les variations qui apparaissent dans les grandes masses
de ce bilan nous informent sur le développement stratégique de l’entreprise et
les choix de financement qui en découlent. Il faut donc résolument se placer
dans une démarche dynamique pour tirer toute la richesse de cette approche.
Les ratios les plus significatifs
permettent d’appréhender :
Le type de développement.
On peut pour cela s’intéresser à l’évolution du ratio
Lorsque ce ratio augmente, on
peut conclure que l’entreprise développe une stratégie industrielle. Cependant
notons qu’un développement des emplois financiers, en particulier des
participations relève aussi d’une stratégie industrielle. En dernier lieu il
nous faut remarquer qu’une stratégie industrielle pure entraîne un risque
d’exploitation plus élevé et réduit les fonds mobilisables en cas d’aléas
conjoncturels.
Le risque financier et le
risque de faillite. De ce point de vue l’approche n’est pas
fondamentalement différente de celle de l’analyse horizontale. Nous retrouvons
ici des ratios relativement proches de ceux mis en évidence précédemment, à
savoir :
et
deux remarques s’imposent
ici :
- avec une rentabilité économique
supérieure au coût de la dette, lorsque le ratio R diminue la rentabilité
financière augmente,
- mais en contrepartie le risque
est d’autant plus élevé que ces ratios r et r sont grands.
Une deuxième manière
d’appréhender le risque de faillite est d’évaluer le risque de transformation.
Le risque de transformation apparaît lorsque les emplois à long terme sont
financés par des ressources à maturité courte. Le ratio qui illustre cette
situation est donné par :
Avant de calculer ce ratio il
faut agréger l’ensemble des emplois à échéance longue, c’est à dire les
immobilisations qu’elles soient industrielles et commerciales ou financière et
la composante stable du besoin en fonds de roulement. Pour les ressources
stables on agrège les ressources propres, internes et externes avec les dettes
financières à maturité longue. Se pose toujours le problème des emprunts à
court terme récurrents.
Si ce ratio est supérieur à 1, le
risque est faible, à l’inverse lorsque ce ratio diminue le risque augmente.
La flexibilité est
liée à la possibilité de mobiliser rapidement des actifs pour faire face à des
aléas conjoncturels ou saisir des opportunités industrielles ou commerciales.
Cette flexibilité s’apprécie par le ratio suivant :